Au gouffre du monde
Où tu n'étais personne
En étant pourtant la fille,
L'unique ;
Au gouffre du monde
Dans la chaleur désertique
Une étoile frissonnante
Douce, indiscrète.
Je t'ai connue
Quand nous étions jeunes
Je t'ai connue
Tu n'es plus là à présent.
Dans une petite mare de Narcisse
Dessinée par son sort
Nous nous sommes vues
A fleur de peau, irritables.
Je t'ai connue
Quand nous étions jeunes
Je t'ai connue
Tu n'es plus là à présent.
Nous ne connaissions pas
La précarité de nos jeunes pouvoirs,
Toute la vacuité.
Les cheveux rebelles, rebelles,
Le regard triste, triste,
Une chemise blanche, une cravate noire
Tu étais à moi.
Tu as attrapé l'anneau
Du caroussel qui tanguait
Du Paradis à l'Enfer
Je te connaissais.
TARKOVSKY (THE SECOND STOP IS JUPITER)Tarkovsky (le deuxième arrêt, c'est Jupiter)
Le fils éternel accourt vers sa mère
Elle lui lisse le sourcil et lui demande
De boire à son puits de brouillard martelé.
Trop tard, mon doux bébé, le brouillard émerge de terre.
La suie qui tombe n'est que la poussière d'un gemme qui scintille.
La lune noire se reflète sur un lac,
Aussi blanche qu'une main dans la nuit,
Elle lève la lampe pour voir son visage,
La louche d'argent de sa gorge
Le garçon, la bête, et le papillon.
La mer est une morgue, la mer est une morgue, l'aiguille et le fusil.
Ces choses flottent dans un sang anonyme,
Les poteaux électriques sont des croix sur l'horizon
Des pointes rouillées, pas assez sécurisantes pour s'accrocher.
Elle bénit la route, la robe et la route et les nœuds de la vigne
Et attend sous le triangle
Formé par Mercure, une étoile nocturne,
La cinquième planète, avec ses plaies et ses cloques
Et, au-dessus, l'aigle qui s'envole et, à l'ouest,
Le garçon, la bête et le papillon.
Elle traverse un pont de pies
Sa langue creuse emplit d'eau la luminosité
Et, en un clin d'oeil,
Une planète à l'utérus étincelant,
Un corbeau blanc, une tête de diamant
Grosse comme un monde, grosse comme un monde,
Le garçon, la bête, le papillon
Qui virevolte
Au-dessus de la plaie, la plaie suintante de cloques
De la cinquième planète
Attend, arrête, n'oublie pas, n'oublie pas
Comme je jouais avec toi,
Comme je séchais tes larmes avec mes baisers,
N'oublie pas
La bouche blanche du fils sourit
A ce beau tunnel, une graine, un vol.
A Konya, la nuit dernière, une voix m'a portée
Jusqu'à la chaire de la flèche – l'as-tu entendue toi aussi ?
L'oracle était écrit sur une feuille d'argent
La nuit dernière j'ai lu les mots – les as-tu lu toi aussi ?
Aah, cœur précieux, précieuse graine, précieuse vie conçue
Dans l'anneau de feu, dans le sommeil de la paix
Rien n'arrête le désir pour la pulsation humaine.
La nuit dernière était un ravissement dans le ciel de mosaïque,
Qui jetait des tessons d'amour, qui jetait des tessons d'amour.
Aah, cœur précieux, précieuse graine, précieuse vie conçue
Dans l'anneau de feu, dans le sommeil de la paix
Rien n'arrête le désir pour la pulsation humaine.
Je me languis de la flamme qui refroidit,
Je me languis du jeu infini.
A Konya, la nuit dernière, une voix m'a portée
Jusqu'à la chaire de la flèche – l'as-tu entendue toi aussi ?
L'oracle était écrit sur une feuille d'argent
La nuit dernière j'ai lu les mots – les as-tu lu toi aussi ?
Dévore-moi, oui, dévore-moi !
Aah, cœur précieux, précieuse graine, précieuse vie conçue
Dans l'anneau de feu, dans le sommeil de la paix
Rien n'arrête le désir pour la pulsation humaine.
La nuit, un neuf de carreau,
Une femme pleure la sœur de la Miséricorde
Un jour de Sabbat.
La nuit, un neuf de carreau,
Les révélateurs se mettent
A frissonner tandis qu'elle portait
Dans un bébé, un éclat.
Courageux, constamment en mouvement
Là où la perfection brasse
L'obscurité comme son frère,
Espiègle comme sa lune,
Qui, en douce, s'adonne aux incantations.
Avec ses gestes de gitan
Qui hurle comme le poulain,
Timide, et beau.
Chaque carte qu'il tirait
Etait différente,
Perdus et à la traîne
Impies et pieux fantômes,
J'essaie de toutes les jouer.
Il parlait avec confiance
Une autre façon étrange
De se changer en solitaire.
Il ne se cherchait pas lui-même
L'empire qu'il trouverait
Sauverait l'utérus doré
Qu'il fait pénétrer dans son esprit.
Nous mourons un petit peu plus
Quand les escrocs sifflottent
Neuf marins aux yeux bleus
Pointent leurs casquettes vers lui
Quand il passe devant eux
Plus vagabonds que rois
Avec des diamants aux manches
Comme un harlequin.